La ciguë
***
Aujourd’hui, parlons de la Ciguë.
Oui, oui, c’est bien cette plante à la base du poison que Socrate, condamné à mort, a dû boire en 399 av JC.
Platon fait le récit de la mort de Socrate dans le Phédon dont voici un extrait :
« Socrate se coucha sur le dos, comme l'homme le lui avait recommandé. Celui qui lui avait donné le poison, le tâtant de la main, examinait de temps à autre ses pieds et ses jambes ; ensuite, lui ayant fortement pincé le pied, il lui demanda s'il sentait quelque chose. Socrate répondit que non. Il lui pinça ensuite le bas des jambes et, portant les mains plus haut, il nous faisait voir ainsi que le corps se glaçait et se raidissait. En le touchant encore, il déclara que quand le froid aurait gagné le torse, Socrate s'en irait. Déjà la région du bas-ventre était à peu près refroidie lorsque, levant son voile, car il s'était voilé la tête, Socrate dit, et ce fut sa dernière parole : « Criton, nous devons un coq à Asclepios ; payez-le, ne l'oubliez pas. — Oui, ce sera fait, dit Criton, mais vois si tu as quelque autre chose à nous dire. » À cette question il ne répondit plus ; mais quelques instants après il eut un sursaut. L'homme le découvrit : il avait les yeux fixes. En voyant cela, Criton lui ferma la bouche et les yeux. »
(La mort de Socrate, tableau de Jacques-Louis David, 1787)
La Grande Ciguë (Conium maculatum) est une plante de la famille des ombellifères pouvant atteindre 1 m de hauteur. Sa tige est parsemée de petites tâches couleur rouille et ses feuilles sont vert foncé. Ses fleurs sont petites, blanches en ombelle. La ciguë possède des fruits qui selon la maturation sont plus ou moins toxiques, surtout quand ils sont verts.
Elle pousse en Europe, le long des haies et dans les lieux humides.
Lorsqu’on l’écrase entre ses doigts, il s’en dégage une odeur répugnante.
Les feuilles et les semences sont utilisées en usages externes en raison des nombreuses propriétés que la ciguë recèle.
Un analgésique (antidouleur)
En usage externe, on applique des cataplasmes de feuilles fraîches, d’huile de ciguë ou de pommade à base de ciguë.
Un sédatif (calmant) utilisable pour soulager la douleur de cancers inopérable.
Cataplasme sédatif pour les cancers inopérables du sein :
· 10 g de poudre de feuilles de ciguë
· 250 g à 300 g de pulpe fraiche de carotte crue.
Pommade sédative pour les cancers inopérables :
· Extrait de houblon : 5 g
· Extraits de ciguë, de jusquiame et d’opium : 1 g
· Axonge (saint doux) : 100 g
Antispasmodique et anaphrodisiaque,
la ciguë peut être utilisée contre les raideurs musculaires et la maladie de parkinson, les spasmes, les toux spasmodiques et les érections douloureuses liées à la blennorragie (maladie sexuellement transmissible).
Le poison
La ciguë contient un poison qui paralyse progressivement les muscles et les nerfs sensitifs. À forte de dose, la ciguë cause la mort par agonie chez l’homme, les bovins, les lapins et les carnivores.